Répondre à la demande des maraîchers
La majorité des programmes de recherche en agroforesterie concernent les associations de feuillus précieux et de grandes cultures. Cependant, on constate sur le terrain le développement de systèmes associant arbres et arbustes fruitiers et espèces légumières (ou plantes aromatiques), généralement sur des surfaces relativement limitées. Ces systèmes s’inscrivent le plus souvent dans une logique de vente directe (AMAP, paniers, points de vente collectifs...), pour laquelle la diversité des produits proposés est un élément déterminant du succès commercial, mais aussi à une échelle supérieure pour une valorisation en demigros.
Ces systèmes correspondent également à la recherche d’une autonomie en intrants sur l’exploitation (énergie, fertilité, eau, contrôle des bioagresseurs…) grâce à l’alliance de l’arbre et de techniques de conservation des sols. D’ailleurs un changement s’opère à l’échelle des filières car ce sont maintenant les instituts techniques et les entreprises du marché qui commencent à s’intéresser à ces systèmes, pour peu qu’ils puissent générer des pratiques plus respectueuses de l’environnement tout en amenant une production agroécologique performante et valorisable d’un point de vue commercial. Ces systèmes ont fait l’objet d’une très faible attention de la part des organismes de recherche et de développement, en France tout au moins. Pourtant, depuis quelques années, la demande de références les concernant est très forte, venant de personnes souhaitant s’installer (ou modifier leur système de production), des collectivités ou des associations qui voient dans ce type de système un modèle pertinent pour des espaces fortement contraints par le développement urbain1, ou concernés par des enjeux environnementaux particuliers.
L'enjeu du projet ne se situe pas uniquement autour de la production de références sur les systèmes mixtes. Il se situe également dans la façon de produire et d'utiliser ces références, au travers de la construction d'un réseau dynamique associant chercheurs, expérimentateurs et agriculteurs. Cette approche souhaite valoriser les savoirs et les savoir-faire, et forcer un regard nouveau sur la conception et le choix des critères d'évaluation de ces systèmes pour éviter une déconnexion entre recherche et terrain.
SMART est donc un projet basé sur la recherche participative dont l'objectif principal, au travers d'enquêtes préalables auprès d' agriculteurs, est de dégager des références technico-économiques qui permettront de lever les freins au développement de systèmes agroforestiers en maraîchage associant arbres fruitiers et cultures assolées (essentiellement légumières). 6 Agriculteurs de l'Hérault du Gard participent à ce projet, et 23 au niveau du sud-est de la France.
Dans cette perspective, cinq objectifs sont visés :
- La structuration d’un réseau national de sites d’agroforesterie fruitière et maraîchère associant fermes de production, fermes expérimentales, fermes d’établissements de formation agricole.
- La description et l'analyse des modèles socio-économiques et techniques des sites de ce réseau et, pour les plus significatifs d’entre eux, l'évaluation de leurs performances en termes de viabilité économique, de vivabilité et de durabilité écologique.
- Le développement, sur la base de l’analyse transversale et de la modélisation de ces situations, de méthodes et d’outils d’aide à la conception et au pilotage de systèmes associant arbres fruitiers et maraîchage.
- L’élaboration d’outils de communication et de sensibilisation pour les professionnels et les conseillers
- La production de contenus pédagogiques pour l’enseignement agricole.