Le projet PPAM PPAM s’inscrit dans la continuité du projet de recherche en émergence ARBRAROMATIX, portant sur les systèmes agroforestiers à PPAM en contexte méditerranéen. Le réchauffement climatique induit de nouveaux stress pour les cultures de PPAM, souvent cultivées dans des sols à faible potentiel agronomique. En particulier, les stress hydriques et thermiques trop prononcés affectent négativement les cultures de PPAM de garrigues. Les projections climatiques pour cette zone géographique prévoient une augmentation de la fréquence des épisodes caniculaires, une prolongation de l’été (30 jours supplémentaires ayant une température estivale actuelle) accompagnés de pics de chaleur et de baisses de précipitations (-4 à -27 %) (Giorgi and Lionello, 2008).
La présence d’arbres associés aux cultures de PPAM pourrait contribuer à tamponner les extrêmes climatiques en période caniculaire. Des travaux menés dans des systèmes maraîchers agroforestiers ont permis de montrer l’effet d’un couvert arboré sur la réduction des extrêmes de températures journalières de l’air et du sol (Martin-Chave, 2018) et la réduction du rayonnement transmis aux cultures. Des inconnues demeurent en contexte de sols superficiels ou difficiles quant à l’effet de cette association sur l’état hydrique des PPAM. La production d’huiles essentielles par les PPAM est fortement dépendante des conditions climatiques : certaines plantes produisent davantage de composés volatiles en condition de stress hydrique modéré (Anethum graveolens, Artemisia dracunculus), tandis que d’autres telles que Thymus vulgaris permettent de meilleures récoltes en conditions de stress hydriques limités (Figueiredo et al., 2008). L’accumulation d’acide rosmarinique dans la menthe verte est par exemple réduit de 50 % en cas de stress thermique expérimental (Fletcher et al., 2005). Si plusieurs études ont été menées sur la caractérisation des composés secondaires de plantes en fonction de différentes conditions pédologiques et climatiques (Thompson et al., 2003), il n’existe pas de données scientifiques sur les effets de linéaires arborés sur la productivité et la qualité des PPAM adjacentes. Il est possible de faire l’hypothèse que ces couverts arborés pourraient ainsi assurer le maintien d’une production d’huile essentielle par les PPAM dans un contexte d’augmentation de la fréquence et de la sévérité des stress extrêmes.
L’agroforesterie est également susceptible de modifier la diversité et l’activité des vers de terre, qui contribuent à la qualité physique et chimique des sols, notamment par la création de macroporosités (Hallam, 2020). En région méditerranéenne, l’activité des vers de terre est limitée par la teneur en eau des sols. En système irrigué, seuls les vers endogés continuent leur activité pendant la période chaude, les anéciques entrant en diapause obligatoire. En outre, l’un des autres principaux facteurs limitant leurs abondances est la quantité de matières organiques des sols. Les systèmes agroforestiers permettent de jouer sur ces facteurs par les effets microclimatique et grâce aux apports de matières organiques issues des arbres.
Les principaux ravageurs des PPAM ciblées par ce projet (Lamiaceae cultivées) sont les cicadelles typhlocybines. Elles dégradent la qualité des productions, et causent parfois des stress hydriques par la ponction de sève en périodes sèches. Les résultats obtenus lors d’un
projet piloté par l’ITEIPMAI montrent que les principaux moyens de luttes reposent actuellement sur la lutte biologique par conservation, et par l’installation de bandes enherbées (Farsy, 2018). Les principaux prédateurs identifiés sont les punaises (Miridae et Nabidae), les arachnides, les névroptères et Coccinellidae. Certains parasitoïdes hyménoptères (Anagrus spp) présente également un fort potentiel de contrôle des populations (jusqu’à 50%). L’agroforesterie peut modifier la composition fonctionnelle des communautés de prédateurs et parasitoïdes, et de cicadelles typhlocybinae, ce qui n’a jamais été étudié et questionne les producteurs de PPAM.
Ce projet a pour objectif d’acquérir des références scientifiques et techniques autour des systèmes AF PPAM, afin de les améliorer et favoriser leurs développements dans les meilleures conditions.
Les principaux objectifs sont :
- Caractériser les effets des aménagements AF sur les performances agronomiques des PPAM (sarriette, romarin, thym) et évaluer l’effet d’un ombrage et du microclimat sur la contrainte hydrique et la mortalité des PPAM.
- Approfondir les connaissances de l’effet des aménagements arborés sur la diversité et l’activité des lombriciens, indicateurs de la qualité des sols
- Étudier l’effet des pratiques AF sur les principaux bio-agresseurs et leurs ennemies naturels en SAF PPAM (Thym, sarriette, romarin).
- Acquérir et produire des référentiels technico-économiques sur ces systèmes
- Favoriser les échanges de connaissances par des journées de rencontres inter-métiers et la mise en place de nouvelles méthodes pédagogiques privilégiant le contact entre apprenants et les acteurs du projet